Faut-il s’incorporer en tant que médecin au Québec ?
Dans cet article, on vous explique simplement ce qu’est une incorporation, pourquoi elle existe, à qui elle s’adresse, et surtout — comment en tirer pleinement avantage.
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Faut-il s’incorporer en tant que médecin au Québec ?
Selon le Collège des médecins du Québec, environ 60 % des médecins sont incorporés. Mais pourquoi un si grand nombre de médecins choisissent cette voie ? Et surtout, est-ce que c’est une stratégie qui s’applique à vous ?
Qu’est-ce que l’incorporation ?
S’incorporer, c’est créer une société par actions (ex. : Dr Jean Tremblay inc.) à travers laquelle vous facturez vos revenus professionnels.
Vous ne recevez plus vos honoraires à titre personnel, mais devenez employé ou actionnaire de votre propre entreprise. Cette structure vous permet de :
profiter d’un taux d’imposition réduit (≈ 20,5 % au Québec pour les premiers 500 000 $),
reporter une partie de l’impôt en laissant des sommes dans la société,
investir à même les fonds corporatifs,
et de choisir comment vous rémunérer (salaire, dividende, ou les deux).
Mais attention : l’argent conservé dans votre société ne vous appartient pas personnellement tant qu’il n’est pas retiré. Et l’incorporation implique aussi des obligations légales, comptables et administratives.
Pourquoi les médecins ont-ils le droit de s’incorporer ?
Ce droit a été accordé en 2007 par le gouvernement du Québec, sous l’initiative du ministre de la Santé de l’époque, Philippe Couillard, lui-même médecin.
L’objectif était d’offrir aux médecins, souvent en pratique autonome, les mêmes leviers fiscaux que les entrepreneurs.
Le Collège des médecins justifie ce droit par des considérations « essentiellement fiscales et organisationnelles ».
Quels sont les avantages ?
1. Taux d’imposition réduit
Les premiers 500 000 $ de revenus conservés dans la société sont imposés à environ 20,5 %, comparativement à un taux pouvant atteindre 53 % personnellement.
2. Investissements corporatifs
Les sommes excédentaires peuvent être utilisées pour acheter des placements, de l’immobilier ou des assurances vie corporatives, accélérant la croissance du patrimoine.
3. Flexibilité fiscale
Salaire ou dividende ? Vous choisissez ce qui est le plus avantageux selon votre situation personnelle et familiale.
4. Meilleure organisation financière
Une société permet de structurer votre pratique, vos finances et votre planification successorale de façon plus rigoureuse.
Comment s’incorporer en tant que médecin ?
Voici les étapes à suivre :
Créer la société par actions avec un avocat (idéalement fiscaliste).
Obtenir une attestation d’assurance excédentaire auprès de votre assureur professionnel.
Soumettre la déclaration d’autorisation au Collège des médecins.
Payer les frais de traitement (460 $ auprès du CMQ).
Une fois ces étapes complétées, le traitement du dossier prend environ 14 jours ouvrables.
Quand est-ce que ça devient pertinent ?
Posez-vous cette question simple : Est-ce que je laisse au moins 30 000 $ par année dans ma société ?
Si la réponse est non (par exemple, vous retirez tout pour vos dépenses personnelles), l’incorporation risque d’être peu avantageuse à court terme.
Si vous avez la capacité de laisser un excédent dans votre société, vous pouvez bénéficier pleinement des avantages fiscaux et de la croissance à long terme.
Ce que vous pouvez faire concrètement avec une INC
Prenons un exemple :
Le Dr Marc facture 520 000 $ par année. Il se verse 380 000 $ en salaire pour couvrir ses besoins personnels, et laisse 140 000 $ dans sa société. Après impôt et dépenses, il lui reste un bénéfice net non réparti de 100 000 $.
Avec ce montant, il peut :
investir en placements corporatifs,
acheter un immeuble commercial,
souscrire une assurance vie participative,
ou encore utiliser ses actifs comme garantie pour obtenir un prêt non imposable.
S’il utilise le prêt à des fins professionnelles, les intérêts sont même déductibles dans sa société. Résultat : il optimise ses finances sans payer d’impôt immédiatement.
Conclusion
L’incorporation est un outil fiscal puissant, mais pas une obligation.
Si vous gagnez bien, dépensez peu et voulez investir à long terme, elle peut devenir un véritable levier financier. Sinon, prenez le temps de bâtir une base solide et entourez-vous des bons professionnels.